samedi 26 avril 2014

Les ressorts de la société de consommation. Sur les traces de Jean Baudrillard...

 

La colline vous propose aujourd'hui une petite plongée dans les rouages d'une mécanique trop bien huilée, celle de la société de consommation qui est encore et toujours notre horizon socio-économique. Malgré toutes les analyses, les discours dévoilant les logiques et les tristes réalités à l'oeuvre dans l'économie de marché de plus en plus alimentée par nos propres existences, la pieuvre consumériste est toujours debout. Pour mieux comprendre ce phénomène, voici quelques courts extraits d'une étude universitaire de l'Observatoire du management alternatif sur l'oeuvre du philosophe Jean Baudrillard, La société de consommation. Le tout accompagné d'une sympathique vidéo pédagogique sur les effets de la pub sur les jeunes. Si nous ne pouvons nous extraire de la logique de la possession, tâchons au moins, par le savoir, de ne pas nous faire posséder.

Le rôle de la consommation dans les sociétés occidentales (est devenu) un élément structurant des relations sociales. La consommation n’est plus, pour chaque individu, le moyen de satisfaire ses besoins mais plutôt de se différencier. Cette personnalisation tend à remplacer les différences réelles entre les individus par essence contradictoires. La consommation prend alors la place de la morale, le corps devient un objet, et le capital (est) soumis à un impératif de faire-valoir. D’une manière générale, ce qui est détruit par la société de consommation est recréé artificiellement sous forme de signes.

La chosification de l'homme
L’idée que l’homme puisse un jour délaisser ses contemporains au profit des objets peut paraître totalement irréelle. Notre société en est arrivée (pourtant) à un point de son histoire où l’offre de biens et services est supérieure à la demande. La notion d’abondance fait que l’homme s’entoure inexorablement d’objets et qu’à force, il ne voit et ne jure que par eux. Le possédant se transforme petit à petit en possédé. Les moyens mis en œuvre par l’homme pour promouvoir le culte de la profusion sont prodigieux : les grands magasins en sont l’exemple-type, on étale aux yeux du grand public les biens de consommation censés prendre part à leur bonheur. Ces lieux magiques ont même réussi à occulter le symbole fort de l’argent caractérisé par les espèces, le sonnant et le trébuchant que l’on sort de sa poche en le remplaçant par des cartes à puce. La consommation devient ainsi miraculeuse, en s’appropriant un objet, on lance un signe extérieur et par son biais on capte de la puissance vis-à-vis du monde qui nous entoure.


Consommer pour exister
La progression de l’abondance occasionne l’accroissement inexorable des nuisances faites par l’homme sur son environnement proche. La production de masse dégrade son cadre de vie, accélère l’obsolescence des produits et des machines et insécurise son emploi. Baudrillard : «toute chose produite est sacralisée par le fait même de l’être». La peur de ne plus pouvoir consommer est tellement grande que la part d’ombre est rapidement éclipsée, laissant ainsi la part belle à la toute puissance du renouvellement à tout prix. La société de consommation a besoin de créer des objets, puis de les détruire pour exister. Ainsi, le renouvellement amplifie l’idée de l’abondance et accroisse un peu plus la dépendance de l’homme pour le matériel. La consommation va ainsi devenir un moyen comme un autre de marquer son appartenance à telle ou telle classe et d’asseoir son statut. La part sociologique de la consommation dans la société reste la plus forte. Les codes et les signes extérieurs poussent toujours davantage les individus à acquérir des biens et à répondre à des besoins d’estime et d’auto-accomplissement.

 

La standardisation des valeurs marchandes
Baudrillard démontre tout d’abord l’érosion du savoir et de la culture dans notre quotidien. En effet, nous croyons avoir des connaissances sur notre histoire et notre actualité alors qu’en fait nous ne sommes censés répondre qu’à des codes et des signes inculqués. La publicité est au-delà du vrai et du faux, car sa réalité est postérieure à l’acte d’achat. Consommer, c'est «être en représentation» : se faire valoir, se montrer. Finalement, ce ne sont plus les produits qui sont représentés, mais les valeurs qu'ils doivent communiquer. Les idéaux de bonheur, de liberté, de fraternité, et plus généralement de réussite individuelle et collective sont véhiculés en permanence. L'intégration sociale se fait en impliquant inconsciemment les individus dans le système de différences de prestige qu'implique la soumission aux codes de la consommation. Tout l'appareil comptable et psychosociologique de l'étude de marché existe dans le seul but d'induire la demande et de masquer continuellement ce processus de création de nouveaux besoins. Dans la consommation, un individu ne satisfait pas un manque, il échange des signes. Paradoxalement, ce désir de reconnaissance et de distinction produit des êtres standardisés puisque, dans la pratique de la consommation, se différencier, c'est toujours s'affilier à des modèles artificiellement démultipliés.



Les onze besoins fondamentaux de la classification de Murray
· Besoin d'acquérir: posséder, avoir de la propriété, saisir, voler des objets, marchander,
travailler pour de l'argent ou des biens en nature.
· Besoin d'accomplissement: surmonter des obstacles, exercer une responsabilité, lutter pour
obtenir quelque chose dans les meilleurs délais et de la meilleure façon possible.
· Besoin d'exhibition: attirer l'attention d'autrui, amuser, émouvoir, choquer, faire peur.
· Besoin de dominance: influencer ou contrôler autrui, persuader, interdire, dicter sa loi,
guider et diriger, organiser la vie d'un groupe.
· Besoin d'affiliation: nouer des amitiés et appartenir à des associations, vivre avec d'autres,
apporter sa collaboration et sa conversation, aimer.
· Besoin de jeu: se détendre, s'amuser, rechercher le divertissement, prendre du bon temps,
rire, plaisanter, éviter toute tension.
· Besoin d'ordre: arranger, organiser, ranger, être précis et scrupuleux.
· Besoin de reconnaissance: susciter des faveurs et des compliments, mettre en valeur ses actes, rechercher la distinction, le prestige social, les honneurs.
· Besoin de déférence: admirer et suivre de son plein gré un supérieur, coopérer, servir.
· Besoin d'autonomie: résister à l'influence ou à la coercition, défier l'autorité, rechercher la
liberté, lutter pour son indépendance.
· Besoin d'agression: injurier, tuer, faire mal, accuser, blâmer ou ridiculiser autrui, punir.

mercredi 23 avril 2014

Le rap français, la fin d'une musique contestatrice




Dans le paysage musical, le rap est couramment perçu comme ce genre artistique essentiellement voué à contester le système. A l'image du mouvement punk de la fin des années 70, le rap incarnerait le son d'une contre-culture, celle des ghettos, la musique des sans-voix et un message artistique plus proche du coup de poing vocal que du coup de coeur. Né dans les quartiers noirs américains, le rap a été très vite importé en France et porté par des groupes célèbres comme IAM ou NTM. Mais en trente ans d'existence, il arriva au rap, ce qu'il advint de beaucoup d'autres styles musicaux : il s'est commercialisé. Et par ce processus, ses formes contestatrices ont su arrondir leurs angles. C'est ainsi que le rap politique et social a cédé le pas devant le rap bling bling, proclamation marchande d'un american way of life caractérisé par la référence caricaturale à une sexualité débridée et à une adulation de l'argent.

La violence comme stratégie marketing

Dans un autre registre moins grossier et plus personnalisé, des auteurs comme Abdelmalik ou Disiz ont su évolué vers des modèles artistiques plus personnalisés et intimistes. L'émergence du slam, poésie urbaine à mi-chemin entre littérature et lyrisme musical, témoigne de ce désir de réinventer de nouvelles formes de langages populaires mais exigents. Cette nouvelle génération d'artistes refusent d'ailleurs catégoriquement l'étiquette de porte-paroles de la banlieue que le milieu du show-business est tenté de leur accoler. Autre forme, même constat : le prétendu rap violent et antisystème, celui qu'on appelle le gangsta rap, ne fait que reproduire, outre les plus vieux clichés sur l'agressivité de la jeunesse populaire, les stratégies marketing les plus éculées du néo-libéralisme marchand. Un peu à la manière des boxeurs américains anticipant leur confrontation sportive au moment de leur conférence de presse, les rappeurs français les plus en vogue actuellement, La Fouine, Booba et Rohff, ont misé sur une visibilité commerciale foncièrement violente.

 

Un hymne à la sixième République

Les menaces, insultes et confrontations verbales entre eux participent désormais d'une surenchère destinée à valoriser leur image de bad boys. Malheureusement, cette approche régressive a fini par être rattrapée par la réalité. Dernièrement, une descente punitive du rappeur Rohff et de ses sbires dans une boutique gérée par Booba s'est terminée par le lynchage d'un jeune vendeur de 19 ans. Pour autant, le rap engagé a encore de fidèles héritiers. Kerry James, Médine, et IAM, toujours actif, n'ont pas baissé le pavillon noir de la révolte musicale. Ancrés dans l'actualité sociale et politique de leur époque, ces artistes incarnent encore un idéal du rap dont on ne sait s'il sert d'exutoire et de compensation sociale à l'abstentionnisme ravageur des banlieues, ou témoigne au contraire d'une nouvelle forme d'engagement politique comprise dans une logique d'extension du civisme. Une sorte d'hymne contemporain d'une sixième République qu'il reste à bâtir.

article publié sur Zaman France

samedi 19 avril 2014

Ce que dit la chouette !


Il y a les indicateurs et il y a les guides. Un indicateur vous montre le chemin, un guide vous y conduit. Ne confondez pas les indicateurs avec les guides. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. 



On ne change que si l'on porte en soi les graines du changement. La transformation n'est pas une altération mais une révélation de l'être.



Crains Dieu, pour que ta crainte s’interpose entre Dieu et toi. Espères en Dieu, pour que cet espoir s'interpose entre sa crainte et toi.
 

Réchauffement : la planète court à sa faim

Source "Courrier international" : 

Selon le rapport du Giec paru ce lundi, nous allons tout droit vers des pénuries alimentaires. Les denrées de base comme le blé, le maïs et le riz sont menacées. Particulièrement en Asie. Nous allons tout droit vers une crise alimentaire. C'est en substance ce que conclut le rapport 2014 des experts du groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Le rapport lance une alerte : 1 °C de plus et nous allons connaître des pénuries et des campagnes désastreuses, notamment sur des denrées essentielles comme le blé, le maïs ou le riz. Ce facteur, combiné à la pression démographique et la demande croissante d'aliments, constitue une très sérieuse menace. La baisse pourrait être de 2 % par décennie, alors que la demande va certainement bondir de 14 % d'ici à 2050.

 
 
La Chine et l'Inde vont en subir de plein fouet les effets, relève le site Internet de Down to Earth. Ce magazine indien consacré à l'environnement a épluché le rapport : "La pression sur les cultures de base va s'intensifier, affectant toute la sécurité alimentaire du continent asiatique", indique-t-il. Ce sont les systèmes hydriques qui vont particulièrement être affectés : le cycle et l'intensité des précipitations et des crues, la disponibilité des ressources en eau... Et tout cela va indirectement augmenter les risques de conflits violents, avertit le Giec.


dimanche 13 avril 2014

8 manières d'échapper à l'emprise du temps



Fuir le temps est impossible. Mais échapper à son emprise ne l'est pas. La colline vous présente 8 manières d'y parvenir, en toutes occasions. Histoire de comprendre que perdre du temps c'est en gagner, et que vouloir en gagner c'est se résoudre à en perdre un peu plus. 

La marche du monde


Nous vivons une époque singulière à tous points de vue. Notre rapport biaisé au temps en est l'une des marques. Jamais nous ne nous sommes déplacés aussi vite que maintenant, jouissant de tous les modes de transports possibles (voiture, bus, train, rer, métro, tramway, vélo, moto, avions, bateaux...). Nos téléphones, tablettes, et ordinateurs portables nous connectent au monde entier à chaque instant, abolissant les notions d'espace et de temps. Notre course effrénée contre le temps nous a placé dans une situation paradoxale. Nous avançons très vite, beaucoup trop vite. E = MC2. Notre vitesse de vie ne fait que s'accélérer et dans sa fuite improbable, une chose lui a échappé des mains : notre conscience. N'ayant plus de prise sur le temps, nos technologies nous ont coupé du plus grand marqueur que nos existences avaient en leur possession, le décompte minutieux, la prise de temps ou la prise du temps, seule manière d'être en phase avec le cosmos et ses lois fondamentales que nous ne pouvons violer impunément. Notre fulgurante échappée transitoire et partielle nous a fragmenté, dispersé, fondu dans le devenir temporel. La première manière de reconquérir notre force d'inertie sera aussi celle qui nous libérera momentanément du temps : la marche. Marcher est l'antithèse la plus commune de notre époque. Nous n'avons quasiment plus besoin de marcher, et presque plus de nous tenir debout, cette position si caractéristique de l'homme nous dit-on, et symbolisant la dignité de sa nature. Si vos jambes ne vous portent plus, ne vous en portez pas plus mal. A quelques mètres de votre domicile, un arrêt de bus vous transportera de joie jusqu'à la gare la plus proche. En attendant votre chauffeur, un banc vous permet de vous reposer. Une fois en gare, un escalator vous dispensera d'arborer ces odieux escaliers aussi usant qu'interminables. Et une fois sur place, un ascenseur vous élèvera jusqu'à votre destination finale. Dans ce trajet formidable, deux choses pourtant sont restées sur le quai : la conscience de votre corps, soumis à un repos quasi permanent, et celle de votre moi, perdu dans cette totalité matérielle, dans cette continuité technologique, où la virtualité et la vitesse sont devenue plus précieuses que les limites du réel. 



Il est donc grand temps pour vous de marcher. Pourquoi ? Pourquoi alors que le temps c'est de l'argent, qu'en perdre c'est perdre deux fois ? Le temps n'est-il pas aussi le moyen d'atteindre le bonheur, aussi fugitif soit-il ? Et en gagner ne fait qu'augmenter nos chances d'y parvenir ! C'est ce que l'époque, cette subtile monstruosité qui n’apparaît jamais, nous susurre à l'oreille. Alors marchons car perdre du temps c'est en gagner. Marchons d'un point A vers un point B, et redécouvrons la notion de voyage extérieur et intérieur. Marchons encore pour endurer la fatigue, la chaleur, et récolter la sainte rosée déversée sur nos fronts, celle-là même qui rajeunira nos corps et leur offrira la vie pré-éternelle, la santé. Oui, perdre du temps c'est en gagner. Nos pensées se bousculent, notre esprit se met en ordre, nos doigts, ces chapelets de chair, vibrent au son du sang qui boue. Les véhicules nous dépassent et quelques regards de passagers inquiets et désabusés nous transpercent l'âme, en vain. Notre conscience s'éveille au défi anonyme que nous venons de jeter à la face de ce monde qui n'a plus ni début ni fin.

La prière du monde


La prière est l'un des actes les plus harmonieux qui soit, de ceux qui vous font vivre dans la lisière du temps mais vous en affranchissent volontiers, comme la méditation. A l'opposé de la marche, la prière est un acte immobile et prescrit selon une chronologie bien déterminée. Elle est codifiée d'après une logique qui nous échappe mais qui obéit à des règles immuables. En découpant nos journées de son rythme régulier, elle nous impose une discipline salutaire propre à nous éviter de nous étioler dans la dispersion, de sombrer dans le maelstrom de nos sommeils éveillés et de nous y noyer. La prière est aussi cette clé précieuse qui ouvre la porte du temps pour vous conduire vers le Maître du temps, celui dont la proximité en abolit l'emprise. C'est alors le moment où l'éternel présent préfigure l'éternité édénique et où la simple mention du nom de Dieu suffit à avancer ou retarder cette marche impassible des astres, aiguilles de l'horloge cosmique. Au commencement était le Verbe, sans conjugaison, ni déclinaison temporelle. 


Le travail sensé
Nous appelons travail sensé, celui qui déborde son temps telle une cruche se déversant dans la terre et y imbibant son fluide vital, au-delà du cercle initial qui lui était assigné. Bâtir une école, une bibliothèque, un hôpital, construire un pont, écrire un livre, cultiver la terre, éduquer des enfants, instruire des élèves, font partie de ces oeuvres investies par le sens. Le travail sensé n'est pas tout à fait un travail utile car l'utilité est une notion plus relative et moins enracinée que le travail sensé qui se hisse à un niveau plus fondamental de signification dans l'ordre des choses. Le travail sensé convertit les années qui lui sont consacrées en une sève durable que les décennies effleurent à peine, comme la bourrasque avec le chêne. Pour atteindre ce statut le travail sensé doit fonder son inspiration sur une triple authenticité : l'accomplissement d'une règle d'or (éduquer, soigner, réunir, nourrir), la réalisation en vue d'autrui, la transmission de l'oeuvre accomplie à des héritiers.


La lecture
Le seul mode de connexion plurichronologique que l'humain ait eu entre ses mains. La lecture est un mouvement, une projection hors de soi aux confins de mondes et d'époques innombrables. La lecture n'est pas seulement synchronique ou diachronique, elle est avant toute chose métachronique. Elle ignore les limites du temps, en franchit les époques à son gré, commence par la fin et finit par le commencement, si tant est qu'elle finisse. La lecture est un palais de glace où le regard du texte nous renvoie vers l'intimité de nos propres chapitres, sans que l'on ne puisse plus différencier où débute le récit et où finit l'âme.

Le rêve
Le rêve est l'équivalent intérieure et immédiat de la lecture. Il déploie les pages de notre être profond et nous en fait découvrir la teneur à son gré et quand bon lui semble. Le rêve est par définition cet espace hors-temps , ce no man's land spatial, cette cinquième dimension propre à l'esprit. Aucune logique chronologique n'y est à l'oeuvre, si ce n'est la diffraction temporelle. Le temps n'est pas admis dans cet archipel interdit.


La patience
Règle fondatrice des sagesses et des morales, la patience est cette expérience qui nous confronte directement au temps, dans sa nudité terrifiante et sa surprenante matérialité. Là où l'impatience nous cloîtrent et nous enchaîne au temps au point de nous en faire goûter l'infinité et le poids, ce qu'on appelle l'ennui, la patience nous délivre des chaînes du temps. La patience n'est pas une perte de temps mais une victoire sur lui car patienter c'est échapper à l'emprise du temps.



La lenteur
La lenteur n'est pas la patience, même si elle l'implique. La lenteur est contrairement aux apparences, un gain de temps, en particulier dans les œuvres sensibles, peut-être en raison de la fameuse règle de l'inversion analogique si chère aux symbolistes traditionnels. Comme l'évoquait un personnage de fiction cinématographique, un tireur d'élite, lenteur égal précision, précision égal vitesse. Dans la fable de La Fontaine, la tortue triomphe du lièvre.


Le retard




Le retard est la forme la plus surprenante de défi du temps. Dans nos sociétés de plus en plus taylorisées où le temps est de l'argent, signe de la profonde décadence de nos valeurs sociales, arriver à l'heure est primordial. Moins par respect des conventions ou pour une quelconque raison morale propre à une éthique du comportement. Le retard est un affront ouvert à l'économie de marché, un acte de provocation pour la logique du capital qui a su se doter des moyens légaux de représailles propres à prévenir cette dissidence ouverte potentiellement contagieuse. Et pourtant, si le retard ne saurait être une règle de vie, il possède quelques vertus certaines. Il nous permet une fois encore d'échapper à cette emprise du temps, à cette course infernal dictée par la société, à cette violence qui nous use lentement et profondément, telle une goutte d'acide s'écoulant dans les tuyauteries d'un navire. C'est par le retard que le salarié reconquière son moi et l'arrache des mains aliénantes du système de production marchand.

vendredi 11 avril 2014

Comment sauver nos océans ?

Voici un article de Nicolas IMBERT directeur de l'ONG Green Cross, France et Territoires intitulé Pour sauver nos océans, un changement culturel s'impose publié le 10 avril 2014 sur le site de Libération.fr



Il s'agit d'un appel à protéger et sauvegarder les océans, malades de la négligence et de la surexploitation humaine. L'auteur y appelle à un changement de philosophie, de la logique d'exploitation actuelle à une logique fondée sur le respect, la connaissance et la réconciliation avec l'environnement. Ce qui est intéressant dans cet article est le référentiel invoqué : Nicolas Imbert y met en scène la richesse du vivant, son utilité pour l'homme et la nécessité pour lui de le sauvegarder s'il veut survivre. Son référentiel est à la fois descriptif, utilitariste, intéressé, relativement tempéré eu égard à la gravité du diagnostic. Il ne cherche pas à opposer vie moderne, technologies et préservation des océans. C'est précisément tout le problème. En voulant ménager ou ne pas heurter les sensibilités liées au mode de vie des hommes, en évitant de les culpabiliser, l'auteur joue la carte de la conscientisation spontanée, immédiate et dépourvue de «crise». Or, pas de prise de conscience sans événement qui la provoque, sans «crises» qui interrompent le déroulement insouciant du devenir temporel. Par ailleurs, l'auteur opère une critique mais en faisant l'économie d'une analyse globale des causes qui ont mené à ce sinistre résultat. Là-encore, on peut redouter que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Jusqu'à la dernière crise ?

Larges extraits de l'article de Nicolas Imbert :
«Les océans sont à l’origine de la vie, et ne connaissent pas de frontière. Il n’y a qu’un seul système d’eau sur la planète, qui rend de nombreux services à l’humanité. Depuis la formation d’eau dans les nuages par condensation au-dessus de la mer, jusqu’à l’eau ruisselant sur le sol, les ruisseaux qui se déversent dans les fleuves, les deltas et estuaires jusqu’aux hautes mers, tout est interconnecté. Et c’est ce système d’eau qui produit l’eau potable, ressource rare nécessaire à la vie et non substituable, mais également qui régule le climat. Sans oublier que les océans captent 70% du dioxyde de carbone de l’atmosphère, via la photosynthèse. Et fournissent une protéine sur deux à l’alimentation humaine.

Une vie formidable se joue au cœur des océans. La présence de minuscules algues sous-marines ou phytoplancton rend possible la photosynthèse, processus régénérateur qui capte le dioxyde de carbone et produit l’oxygène, concourant ainsi à la création de l’air que nous respirons. L’océan joue aussi un rôle de régulateur dans le cycle du climat, à travers la circulation océanique et les courants sous-marins propagateurs des eaux chaudes. Et, dans le même temps, l’océan est un formidable réservoir d’espèces vivantes, de toutes tailles, aux qualités surprenantes. De même, on estime que 80% des ressources minérales, environ 50% des protéines consommées sur terre, la moitié des traitements anticancéreux, sont issues des ressources marines.
Et pourtant, les océans sont malades.

Les solutions existent

Confronté au changement climatique, acidifié par l’activité humaine, mis à mal par la surexploitation (ou la mauvaise exploitation) des ressources halieutiques, saturé par les fontes de glace aux pôles, l’océan est malade. Il s’acidifie, sa biodiversité s’appauvrit, son niveau monte. Des macropolluants s’agglutinent et génèrent des «continents» de plastique en haute mer, et la pollution microscopique prend une ampleur inquiétante sur nos côtes. Nous devons agir, c’est notre passé, notre présent et notre avenir avec lequel il faut construire une nouvelle relation.

Nous pensons qu’un changement culturel est nécessaire, pour passer d’une logique d’exploitation des ressources qui a prévalu par le passé, vers une logique de connaissance, de respect et de réconciliation entre le développement d’écosystèmes fertiles et diversifiés et la capacité à apporter des éléments de réponse aux enjeux humains.

De nombreuses solutions existent pour transformer notre rapport à l’océan. Nous avons identifié pour ceci trois orientations prioritaires : la reconquête d’une synergie durable entre activités humaines et reconquête des milieux en zone littorale, un nouveau «contrat d’avenir» pour les activités humaines en mer basé sur la responsabilité, et l’émergence d’une nouvelle gouvernance apaisée sur les territoires maritimes. Dans ce contexte, habiter les océans est à la fois un défi et une nouvelle responsabilité. Il s’agit de découvrir et de mieux connaître, mais également de protéger et de chercher à chaque instant à minimiser notre impact sur le milieu. Ainsi, Sea Orbiter, laboratoire océanique flottant permettant l’exploration de la surface et d’une belle zone de vie sous-marine, créé à l’initiative de l’architecte visionnaire Jacques Rougerie, ouvre de nouvelles perspectives. On pourra désormais mieux sensibiliser, connaître et vivre l’océan, tout en se donnant les moyens de le respecter. En montrant que la technologie est au service de la connaissance et du respect du vivant. Il s’agit pour l’homme de mettre en œuvre concrètement et opérationnellement des mesures alliant nos intérêts à la nature même des océans.


L’océan est un formidable creuset d’économie circulaire, où chaque activité contribue à la fertilité de tout l’écosystème, qui recycle, transforme et fait évoluer en permanence. Il a été par le passé à la fois trop oublié, mal exploité, et en est actuellement meurtri. Il est grand temps, concrètement et opérationnellement, de réconcilier l’humanité et l’océan, cesser la lente dégradation des milieux marins et, mieux, faire de l’océan la solution pour réparer la planète et servir l’humanité. Les solutions existent. Il nous faut encore les fédérer pour proposer des principes de gouvernance, et des actions concrètes ancrées dans le réel, afin de proposer une transition permettant la réconciliation de l’humanité avec l’océan. C’est une perspective passionnante, concrète et atteignable».

mardi 8 avril 2014

A propos du sectarisme féministe !


Aujourd'hui, j'ai eu l'insigne privilège de participer à un débat relativement bref mais explicite sur le voile et le féminisme musulman, avec plusieurs féministes laïques, hommes y compris, sur Facebook. Cela aurait pu s'appeler «anecdote insignifiante dans le monde des certitudes féministes». Mais en réalité, rien est insignifiant. Tout fait sens, toute chose porte en elle-même sa marque et laisse son empreinte dans ce monde qui est nôtre. En ce qui concerne ce débat lapidaire, le sens se trouve, il me semble, dans la posture caractéristique de ce que l'on nomme l'idéologie, cette grille de lecture politique du monde qui transmue ses adeptes en guerriers d'un ordre juste appelé à s'imposer sur les masses, soldats transportés par le souffle religieux d'une inspiration, souvent néfaste. Je ne parle pourtant pas ici des vieilles guerres européennes de religions, pas plus que des Croisades. Voici les attendus de ce qui fut un procès, accompli dans le tribunal invisible de l'excommunication subite prononcée par des jurés tapis dans l'ombre de leur dogme, qu'on appelle parfois «bassesse».



Fatima-Ezzahra Benomar : Il y aurait donc un féminisme qui passe par l'acceptation du voile, ce fameux voile qui ne concerne que la moitié femmes de l'humanité ? Eh bien. Tant de décennies de luttes courageuses des femmes dans le monde, tant d'héroïnes dont on ne connait pas le nom, tant de lutteuses ensanglantées pour arriver à cette conclusion. En fait, les religieux n'avaient qu'à nous laisser faire, les dénoncer, nous libérer sexuellement, risquer nos vies en affrontant leurs dogmes sacrés... pour qu'on retourne sagement au point de départ dont nous nous étions péniblement arrachées. Et rajouter qu'en vrai, ce voile-là se choisit, et peut nous être agréable. Il est quand même fort, ce patriarcat !

Le patriarcat a rarement été, dans l'opération d'asservissement des femmes, un régime qui s'impose par la force. Les us et coutumes patriarcales sont intériorisées dès l'enfance, et observées par les femmes aux quatre coins du monde, tant qu'elles n'ont pas analysé et qu'elles ne se sont pas élevées contre leur condition commune. Donc oui, beaucoup de femmes dans le monde pensent choisir d'admettre ce régime, de se soumettre à ses règles inégalitaires et profondément sexistes, et c'est le devoir des mouvements féministes de les convaincre que ce système est injuste et violent.


Laurent Lévy : La question demeure : est-il juste (et productif) d'interdire le port du foulard à l'école. Pour mémoire, quelques centaines de gamines, pour la plupart issues de milieux populaires, ont été déscolarisées à la rentrée 2004. Est-ce qu'on règle les questions idéologiques et politiques par des mesures administratives et de police, par la répression ?

Fouad Bahri : La question est plus fondamentale Laurent, je crois. Il s'agit à la lumière de nos expériences humaines de plusieurs siècles de commencer à mûrir une double attitude, faite de savoir et de sagesse. La notion d'émancipation est une notion relative à la situation du dominé, le mode d'émancipation est relatif à sa weltanschauung. Imposer une conception de l'émancipation et un modus operandi à l'ensemble des humains est une aberration, une posture excessive autrement dit injuste. Nier la liberté de croyantes au nom de la liberté est un extrémisme qui rappelle l'injonction de Robespierre : «Pas de liberté aux ennemis de la liberté». Les pseudos discours qui parlent d'aliénation de ces femmes sont d'une malhonnêteté suintante. Quant au déterminisme radical défendu par Loukass, il abouti à une négation de la liberté et il constitue une arme à double tranchant. Appliqué au féminisme revanchard et de combat, il lui ôte sa substance libérale et proclame l'avènement d'un fatalisme adulé sous les oripeaux de la modernité. La France n'est plus depuis longtemps une société patriarcale. Tous les attributs du patriarcat lui ont été soigneusement retiré. Sécularisation, libéralisation des moeurs, fin du modèle traditionnel de la famille, émergence d'un discours dominant politiquement correct sur le féminisme et autres postures libertaires : je ne vois pas ce qu'il y a de patriarcale dans tout ceci. Dernière chose : le voile est globalement une marque de pudeur et de proximité spirituelle d'une croyante avec Dieu. Ce même principe de pudeur est appliqué aux hommes, qui font souvent preuve, dans les milieux religieux, d'un rigorisme vestimentaire (qamis, chechia, barbe) comparable, qui recouvre la quasi totalité de leur corps. Il n'y a guère que les cheveux qui sont couverts en plus chez les femmes et encore, dans plusieurs pays arabes du Golfe, les hommes portent une longue capuche qui couvrent leurs cheveux. Ne nous trompons pas d'analyse et n'excommunions pas politiquement des individus en raison de leur foi.

Fatima Ezzahra-Benomar : Ce qui est sympa avec ce genre de statuts, c'est que ça permet de débusquer les affreux masculinistes qui se cachent dans nos listes d'amiEs, et de les raccompagner vers la sortie. J'adore le passage négationniste : «La France n'est plus depuis longtemps une société patriarcale. Tous les attributs du patriarcat lui ont été soigneusement retiré. Sécularisation, libéralisation des moeurs, fin du modèle traditionnel de la famille, émergence d'un discours dominant politiquement correct sur le féminisme et autres postures libertaires : je ne vois pas ce qu'il y a de patriarcale dans tout ceci.»
Zemmour, sors de ce corps !


Pol Nasens : Les femmes voilées d'Europe encouragent la répression dans les dictatures islamistes. Ayant la chance de vivre dans des pays démocratiques, elles ne se rendent pas compte qu'en portant «librement» le voile, elles cautionnent l’aliénation de la femme dans les théocraties. Le voile permet au système islamiste d'affirmer son pouvoir machiste dans la rue.

Fatima-Ezzahra Benomar : «Elles» rien du tout. Elles ont des mecs derrière elles.
Le voile est un fantasme, une volonté et un projet de domination masculine, entretenu et imposé, par la force, par l'intimidation ou par l'élaboration d'une culture patriarcale, par "les hommes"

Fouad Bahri : Fatima-Ezzahra Benomar ! Vous m'obligez à utiliser un autre compte pour vous répondre (après avoir été exclu de sa page, ndlr). Votre attitude est sectaire, vous excluez tout ceux qui ne pensent pas comme vous. Je connaissais vos positions idéologiques et pourtant je ne vous ai jamais exclu de mes contacts car ce n'est pas ma philosophie. Votre attitude est réellement dommageable, pas pour moi, mais pour vous. Vous renvoyez une image radicale et intolérante de vos postures idéologiques alors mêmes que des individus comme moi pourraient partagez des vues communes avec vous sur d'autres sujets comme la justice sociale ou la condamnation de la violence. Encore faut-il avoir la maturité de dialoguer avec les autres et de sortir de son auto-satisfaction qui pousse qu'à ne parler qu'entre soi. Ce qu'on appelle du communautarisme, je crois. Bien dommage.

Fin.

PS : remplacer féministe par capitaliste, communiste, islamiste, écologiste ou ce que vous voudrez et vous obtiendrez régulièrement, bien que non nécessairement, le même résultat. L'absence d'arguments, l'excommunication immédiate au nom des valeurs les plus nobles (vérité, justice, liberté, égalité...), le procès d'intention, la diabolisation...

dimanche 6 avril 2014

Incendier une bibliothèque n'est pas un acte politique !



Une grille de lecture présente chez certains sociologues de gauche (excusez ce pléonasme), tend fréquemment à présenter et expliquer certains comportements des jeunes ou moins jeunes issus des quartiers dits populaires par une thèse politique, vernis brillant et clinquant appliqué à des barres de tôle rongées par la rouille, autant dire une double couche d'occultation déposée sur leur épiderme qu'on sait à fleur de peau. De quoi parlons-nous ? De cette fameuse explication populaire dans les milieux politiques indigènes, à savoir celle de l'éternelle révolte des peuples victimes du continuum néocolonial ou autre hydre issu de la pensée politique tiers-mondiste, du fanonisme en moins talentueux, grille systématiquement appliquée à chaque émeute, requalifiée de révolte populaire (révolte contre qui ou quoi, pourquoi, on l'ignore toujours). Cette posture revêt un autre habit rhétorique moins ringard chez nos amis sociologues mais tout aussi pernicieux.

Un acte incompréhensible
Dans la très sérieuse revue numérique que nous vous conseillons La vie des idées, une note de lecture de François Dubet à propos de l'ouvrage de DenisMerklen Pourquoibrûle-t-on des bibliothèques ?, nous en livre la teneur. Extraits : «Un silence gêné entoure les 70 incendies de bibliothèques qui ont été allumés en France entre 1996 et 2013 (…) Alors que l’on peut comprendre les incendies des commissariats de police comme des protestations contre la violence des policiers et, au-delà, contre la violence de l’État, pourquoi s’en prendre aux livres mis à disposition de tous dans les quartiers qui semblent souvent abandonnés ? », commence par s'interroger l'auteur de la note. L'indignation est certaine. «L’incendie des bibliothèques est d’autant plus incompréhensible qu’il souille un sanctuaire sacré puisque le livre est, à la fois, ce qui nous attache à une culture universelle et ce qui nous individualise, nous fait les sujets de notre propre vie. Refuser le livre, c’est refuser la civilisation quelle que soit la manière dont on la nomme». Ce n'est pas nous qui allons le démentir.



Closer dans les bibliothèques
C'est alors que relayant l'autre son de cloche, celui des quartiers, l'auteur poursuit par cette explication : «Les habitants distinguent ceux qui vivent « dans » le quartier et ceux qui vivent «sur» le quartier, les multiples intervenants qui viennent d’ailleurs. À propos des bibliothèques, «on n’a rien demandé», «c’est fait pour nous endormir» alors que l’emploi reste le problème essentiel. Bien sûr, tous les habitants du quartier ne pensent pas ainsi et ne parlent pas ainsi, mais ils se sentent confusément représentés par ceux qui lancent des pierres contre des équipements qui ne sont pas de leur monde, par ceux qui vont en groupe à la bibliothèque parce que, y aller seul, «c’est trop la honte». Différentialisme territorial des jeunes contre une intrusion élitiste de la bourgeoisie du centre-ville ? L'auteur se veut nuancé, du moins aurait-on pu le croire. «Cependant, tout n’est pas aussi simple car les habitants des quartiers lisent. Mais ils veulent parfois lire ce qu’on ne trouve pas à la bibliothèque. Faut-il mettre la presse people sur les rayons des bibliothèques ? Denis Merklen plaide pour Closer car, selon lui, cette littérature profondément méprisée dénonce, aux yeux de ses lecteurs, les turpitudes des puissants, dévoile une partie du jeu social cachée aux dominés. Elle participe de l’économie morale des classes dominées qui saisissent le monde en termes moraux bien plus qu’en termes proprement sociaux. Closer serait ainsi l’héritière de la littérature « pornographique » du XVIIIe siècle qui critiquait les institutions en dévoilant les vices des puissants, préparant ainsi le terrain à la révolution».



Incendier pour se faire entendre
Qu'on se le dise ! La presse people est un ferment révolutionnaire savamment dissimulé sous des torrents d'indécence visuelle. D'ailleurs, quoi de mieux pour détrôner la nouvelle noblesse d'état bling-bling que ces revues qui lui vont comme un gant. L'auteur promeut donc la reconnaissance d'une nouvelle littérature propre à ces indigènes, qu'il nomme la «littératie». «Denis Merklen analyse la littérature des écrivains de banlieue, ceux qui envoient des SMS et des messages, ceux qui écrivent des textes de rap, ceux qui écrivent les livres des cailleras. Or, toute cette production, cette « littératie », est absente des bibliothèques, des médiathèques et des écoles qui incarnent alors une régulation autoritaire de l’écrit (…) Dès lors, les bibliothèques ne brûleraient pas seulement parce qu’elles dominent et parce qu’elle viennent d’ailleurs, elles brûleraient aussi parce que le conflit des légitimités culturelles est un véritable conflit politique dont l’enjeu est l’interprétation de l’expérience populaire. Et c’est la langue même de cette interprétation «indigène» qui serait refusée. L’incendie des bibliothèques ne serait pas seulement un geste de rage, ce serait aussi un geste politique. Les bibliothèques brûlent parce le monde populaire n’est pas entendu».

Le résultat de 50 ans de ghettoïsation
Cette grille de lecture présente donc comme un acte politique ce qui relève d'une destruction de bien commun, à la manière de Sadri Khiari, chantre désenchanté du socialisme des damnés de la terre, s'écriant tel un Danton maghrébin : «Brûler des voitures est un acte politique». Je doute que des parents de la première ou seconde génération voyant leur véhicule et leurs minces économies voler en cendres partagent le même point de vue. Disons le, l'imposture de ce discours réside dans le fait de greffer une partie des causes à l'origine du malaise des jeunes enfermés dans un horizon social du fait de choix politiques et urbains décidés il y a près de 50 ans, dans celles de leurs actes. La seule dimension politique de ces drames est dans la responsabilité des élus locaux, régionaux et nationaux, bien décidés à parquer des populations immigrés choisies mais non désirées, à les refouler dans des lieux éloignés, clos, à les assigner à résidence dans des ghettos qui ne devraient plus exister aujourd'hui.


L'émancipation par la lecture
Quant aux explosions de colère des quartiers, elles ne relèvent en aucune manière d'actes politiques. Le prétendre relève soit de l'ignorance de ce qu'est la politique, soit d'une inconscience destinée à légitimer un discours de renarcissisation aussi pitoyable qu'impuissant, une forme du ressentiment lancinent à l'oeuvre dans ces esprits qui du fait d'une étrange inversion de valeurs, finissent par vénérer leurs ghettos là où une authentique émancipation passeraient par leurs destructions; soit plus prosaïquement, d'une escroquerie idéologique. Ces émeutes sont révélatrices d'un malaise, d'une rage, d'un cri identitaire et existentiel adressé à la face du monde. Politiser ce malaise ne contribue qu'à reléguer un peu plus ces classes populaires. La réponse se trouve dans la construction et la structuration de leur moi, pas dans la destruction cyclique de leur environnement. Dans l'éducation et l'édification individuelle, propres à leur permettre de contribuer par la lecture, l'effort et le travail, à l'accomplissement d'eux-même et à l'auto-responsabilisation. Pas dans le différentialisme exclusiviste ou dans le néo-culturalisme sociologique qui verrait dans un SMS ou un mauvais texte de rap, la manifestation du génie populaire, rehaussé par le paternalisme bien pensant en «littératie», comprenez une littérature au rabais. C'est en brûlant intérieurement les pierres de leur rage personnelle que ces Français issus de leur propre destinée en sortiront du fer, certainement pas en les projetant sur les autres.

vendredi 4 avril 2014

A Mantes la Ville, l'inquiétude des musulmans après l'élection du FN

   
En exclusivité, je partage avec vous mon article sur le FN à Mantes la Ville et les inquiétudes des musulmans, article publié sur zaman france

Un témoignage intéressant et révélateur une fois de plus de la ligne du Front national sur la question de l'islam. Après les attaques verbales de Marine Le Pen contre l'intégrisme et le communautarisme musulman en France, après les propos de Florian Philippot pour interdire définitivement le voile sur la place publique, voici le disque dur FN appliqué à l'échelle locale. Un avant-goût de ce qui attend les Français en cas de montée du FN au pouvoir, présidentiel et législatif. 


 














Marine Le Pen avait averti : les villes conquises par le Front national serviront de vitrine nationale pour son parti. A Mantes-la-Ville, qui a désormais un nouveau maire frontiste en la personne de Cyril Nauth, les citoyens de confession musulmane sont préoccupés. Leur projet de lieu de culte a un nouvel adversaire en la personne du maire. Zaman France a mené l'enquête.

Mantes-la-Ville est une commune de 22 000 habitants dans le Mantois, près de Mantes-la-Jolie, située dans le 78. Depuis quelques jours, cette ville est sous les feux médiatiques. La raison ? Elle sera désormais gérée par le nouveau maire Front national Cyril Nauth qui sera investi vendredi 4 avril au soir. La tension et l'inquiétude était donc palpable dans cette ville qui comporte une importante communauté musulmane. D'autant qu'un projet d'acquisition d'un local qui sera réaménagé en lieu de culte doit être finalisé dans les semaines qui viennent et que le candidat FN a mené sa campagne contre ce projet. Abdelaziz El Jaouhari, responsable de l'AMMS, l'association musulmane porteuse du projet, se veut prudent. «Il y a une inquiétude réelle et palpable de la communauté musulmane au vu de la campagne électorale menée par le FN. Nous sommes dans l'attente des intentions du nouveau maire», confie-t-il à Zaman France.

Un projet lancé il y a 25 ans 
Il faut dire que l'association joue gros dans cette affaire. Il s'agit rien moins que de la finalisation d'un projet qui a été lancé il y a 25 ans. L'association devrait acquérir un local de 800 m2, dont 400 serviront à la salle de prière, local vendu par la CAMY, communauté d'agglomération du Mantois. Ce lieu aura une capacité d'accueil de 500 à 700 personnes, particulièrement utile pour la prière du vendredi et les deux célébrations de l'Aïd. Abdelaziz El Jaouhari insiste également sur la modestie du lieu. «C'est une salle de prière. Il n'y a pas de minaret. On a juste essayé de faire un aménagement décoratif.On n'a pas voulu faire de lieu de culte gigantesque type mosquée-cathédrale bien qu'on nous ait proposé des terrains. On est parti d'un projet à la mesure des besoins et des capacités de financement de la communauté musulmane», précise-t-il. Du côté de la future administration Front national, on voit les choses différemment. Interrogé par notre rédaction, le candidat FN Cyril Nauth persiste et signe sur son opposition à ce projet. «Dans la mesure où nous sommes hostiles à ce projet, nous ferons en sorte qu'il n'aille pas jusqu'à son terme. Nous étudierons de très près tous les aspects légaux», souligne M. Nauth.

Les réticences du Front national
Les raisons invoquées par l'élu sont multiples et figuraient sur un tract du FN distribué pendant la campagne municipale. «Le site qui a été choisi ne correspond pas à un lieu de culte et le local sera situé près de la salle Jacques Brel qui est la grande salle de spectacle du Mantois et aussi près du cimetière, des sites qui nécessitent également des places de stationnement». Problèmes de stationnement ? Faux rétorque le président de l'AMMS : «Le local est situé à proximité des quartiers des Meurisiers, des Plaisances et des Bats. Il évitera donc les problèmes de circulation et de stationnement car les personnes vont s'y rendre à pied. Cet élément faisait partie de nos critères de choix de ce lieu», explique-t-il en insistant sur la légitimité de ce projet cultuel. Mais le futur maire n'est pas convaincu. «La salle de prière précédente qui était située rue Roger Salengro était illégale avec d'énormes problèmes de stationnement sauvage. Les commerçants et les riverains aux alentours étaient considérablement gênés», dit-il. Autre argument de Cyril Nauth : la mosquée ne serait pas une priorité étant donné la présence d'autres lieux de culte musulmans dans les communes avoisinantes. Là-encore, Abdelaziz El Jaouhari rejette en bloc cette affirmation. «Les autres mosquées sont éloignées et elles n'ont pas de place pour les fidèles. Le petit pavillon dans lequel nous prions actuellement est tout petit, sans normes de sécurité et doit être démoli avant l'été. Les habitants de Mantes-la-Ville ont le droit d'avoir une salle de prière, la communauté musulmane y est importante».

«La liberté de culte est une liberté constitutionnelle»
Mais le dossier islam à Mantes La Ville est aussi et avant toute chose, un dossier politique. Le maire FN considère ainsi qu'il a été élu en partie parce que les Mantevillois refuseraient l'établissement de cette «mosquée». «Les riverains n'ont pas été consultés pour ce projet. Si j'ai remporté cette élection, c'est que beaucoup y étaient hostiles», affirme-t-il comme pour conjurer la chose. M. Nauth accuse notamment l'ancienne maire socialiste Mme Brochot d'avoir pratiqué une forme d'électoralisme communautaire. «Pourquoi ce projet n'a été finalisé que trois mois avant les élections ? L'ancienne maire socialiste s'est impliquée dans ce projet parce qu'elle pensait s'attirer les faveurs d'un vote communautaire, sinon elle l'aurait fait avant», assure l'élu frontiste qui précise également que son refus s'inscrit dans une perspective de lutte contre le communautarisme. Pour autant, le président de l'AMMS reste confiant. Il assure que la transaction ne coûtera rien à la ville. Il rappelle également que l'acquisition et la vente à l'association ont été votées à l'unanimité au conseil de la CAMY en novembre (communauté d'agglomération, ndlr). Qu'en octobre, le projet a été voté par le précédent conseil municipal, que le permis de construire a été déposé et qu'une convention a même été signée avec le Conseil général. «Il ne nous reste qu'à compléter la levée de fonds (moins de 200 000 euros, ndlr) qui sont des dons enregistrés par nos avocats», témoigne Abdelaziz El Jaouhari qui ajoute ces mots : «La liberté de culte est une liberté constitutionnelle».

jeudi 3 avril 2014

Les ressorts de la propagande sioniste : Dreuz.info, un cas d'école



La propagande est un art à la fois ancien et protéiformes. On en trouve pour tous les goûts, des plus subtils aux plus grossiers. Celle que les milieux néoconservateurs, chrétiens sionistes, consacrent à leur lutte idéologique contre l'islam est reconnaissons-le, assez décevante. Là où on attendrait des trésors de goujaterie soigneusement tissés dans du fil d'or intellectuel, voilà qu'on découvre des monceaux d'immondices immodérément fallacieux, certes, et immanquablement grossier. Le niveau serait-il tombé si bas ?

L'extrémisme est un humanisme
Prenons un cas d'école : le site Dreuz.info, qui se présente comme «francophone, chrétien, néo-conservateur et pro-israélien», un curieux assemblage composite de termes aussi beau qu'un alliage de diamant dans une monture serti de crottin de bouc. Que les boucs me pardonnent ! Ce site internet qui réunit des perles aussi rares que Guy Millière, géopolitologue et écrivain français, et des francs-tireurs comme Jean-Patrick Grumberg, a publié récemment un article intitulé Pour le conseil idéologique de l'islam, «chaque femme est le perpétuel ennemi de l'islam», article s'appuyant sur un texte publié sur un média pakistanais anglophone, relatant les «attendus» d'une assemblée de religieux aux vues radicalement extrémistes, comme on en trouve malheureusement trop dans le «pays des purs» et illustré par une photo toute droit sortie des entrailles de Jason, le psychopathe de Vendredi 13. En tapant «musulman» et «France» dans le moteur de recherche de Google actualités, on tombe très vite sur cet article.Par ailleurs, cette vidéo d'une conférence organisée en 2012 est très révélatrice des positions et des regards portés par les réseaux néoconservateurs et pro-israélien sur le monde arabe et l'islam.




Les Néandertaliens aux portes de Byzance
Feignant de laisser croire que ce conseil idéologique serait une sorte d'émanation officielle et influent de la doxa musulmane, l'article qui concède en toute fin de rédaction qu'il s'agit d'une institution pakistanaise, finit par cette profession de foi assurément humaniste : «Le conseil idéologique de l’islam, du Pakistan, est une institution prévue dans la constitution qui conseille le législateur sur la compatibilité des lois avec l’islam, c’est à dire le coran et la sunna. Rapporter cette information aidera, je l’espère, des Musulmans à se détourner de l’islam». Nous nous inclinons, en tous les cas, devant un tel altruisme lénifiant, un tel courage d'oser braver les foudres ancestrales de ces phalanges néandertaliennes qui menacent perpétuellement d'occuper Constantinople. Pardon... Istanbul.

mercredi 2 avril 2014

13 des plus belles églises du monde


1)La cathédrale de Skólavörduholt (Islande). 


Conçue par Guðjón Samúelsson, sa forme est inspirée des orgues basaltiques. Sa hauteur est de 74,5 m et à l'intérieur se trouve un orgue de plus de 25 tonnes, de 15 m de haut et possèdant 5275 tuyaux. 


2) La basilique Saint-Pierre de Rome (Vatican)



Sa construction date du 18 avril 1506 et fut achevée en 1626. Lieu de pèlerinage, elle accueille chaque dimanche plus de 150 000 catholiques. Elle fait plus 219 m de long et 136 m de haut pour une superficie de 2,3 ha. Elle abrite par ailleurs la sépulture de Saint-Pierre, le premier Pape du catholicisme.

3) La cathédrale Saint Basile de Moscou (Russie)



Située sur la place rouge à Moscou, la cathédrale Saint Basile fut construite en 1555, dans le plus pur style architectural traditionnel russe. A l'origine, il s'agissait d'une église en bois célébrant la prise de Kazan par les troupes russes, en 1552. Cette cathédrale est constituée de neuf églises disposées sur un socle haut.

 4) L'Eglise de Las Lajas (sud de la Colombie) 




Plus grand lieu de pélerinage d’Amérique du Sud, cette église néogothique fut construite en 1916. D'après une légende, l’église est située en un lieu où se produisit un miracle : une muette aurait retrouvé la parole.

5) Notre-Dame de Reims (France)



L'Eglise où les rois de France ont été sacrés. D'architecture gothique, elle contient 2 303 statues. La cathédrale possède également des vitraux du XIIIème siècle. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1991 et accueille près de 1 500 000 visiteurs par an.

6) La cathédrale Sainte-Cécile d'Albi (France)



La plus grande cathédrale de brique du monde. Elle fut construite de 1282 à 1390.

7) Notre-Dame-de-Paris (France)



8) Santa Maria in Trastevere, à Rome(Italie)





 9) Eglise Notre-Dame-de-l'Assomption de Budavar à Budapest (Hongrie)




10) Eglise en bois de Borgund, (Norvège).



11) Eglise de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste du Palais de Tchesmé (Russie) 

Eglise orthodoxe, construite par Georg Friedrich Veldten en 1780 pour Catherine II de Russie.



12) La cathédrale Saint-Guy de Prague (République tchèque)


13) Le monastère Saint-Michel-au-dôme-d'or à Kiev (Ukraine)