mardi 22 novembre 2016

Chaos

Sur ce passage d'un documentaire diffusé sur France 5, diplomate, hommes politiques et historien révèlent que la destabilisation programmée de l'Irak et de la Syrie visait et vise à renforcer la sécurité d'Israël. Une destabilisation préconisée explicitement par des penseurs néo-conservateurs dans des documents officiels. 

mercredi 9 novembre 2016

Ce qu'il fallait dissimuler...


















Le sens implique la cohérence. 

La cohérence implique la continuité. 

















La continuité implique la tradition. 

La tradition fonde le sens. 















                                    

La modernité implique le rejet de la tradition. 

La modernité implique le non-sens. 
























Le non-sens mène à la disparition du sens ou à la restauration du sens. 

La disparition du sens de la modernité qui est non-sens, fait sens. 

















La restauration du sens impliquée par les limites du non-sens, fait sens également. 
















In fine, le non sens implique donc le sens. 

Fin d'un cycle, retour naturel au Principe.











vendredi 4 novembre 2016

Délivrance II




Quand tu parviendras à te libérer des autres, de leur peur, 
de leurs illusions, de leur peine et de leurs attaches... 
il ne subsistera plus rien de ton moi, hormis toi. 



Dans cet exil forcé loin de toutes terres familières, il ne te restera plus qu'à franchir le pas solennel et anonyme... mourir avant de mourir... disparaître à rebours de l'existence... échapper aux lamentations des limbes, aux exhortations des démons... 


pour entrouvrir tes lèvres, offrir tes mains tremblantes et hésitantes à tous ces vieux serviteurs nocturnes qui te croiseront à la lisière de l'aube, au fin fond du crépuscule qui précédera ta venue au monde, ta renaissance. 

Si tu Le connaissais, tu ignorerais tout, ce rien dans lequel tu te meus. Et de son absence, et de son silence, tu te ferais apocalypse.  
  

Adresse à moi-même






















                       

N'oublie pas d'être un homme. Un homme fort, mais un homme bon. Il n'est pas de bonté sans force qui la soutienne. Il n'est pas de force sans bonté qui l'illumine. La bonté est la force des pieux, la force de ceux qui ont su aimé et pardonné. 




N'oublie pas de croire. N'oublie pas le silence de l'écoute, la bienveillance du regard, l'exigence du verbe. N'oublie pas de disparaître dehors pour réapparaître dedans. De saisir l'occasion quand la porte est ouverte. De scruter l'horizon quand le soleil t'y invite. De contempler la nuit tant que la Lune est visible. N'oublie pas d'où tu viens, n'oublie pas où tu vas, et avant de passer à trépas, saisir d'une poigne ferme l'existence, n'oublie pas.





mercredi 7 septembre 2016

Pourquoi la Fondation des œuvres de l'islam n'a pas d'avenir


La volonté de maintenir le lancement de la Fondation des œuvres de l'islam en l'état, malgré le déluge de critiques et les nombreux problèmes que soulève ce projet, illustre l'autisme dont fait preuve l'exécutif français sur la question de la gestion de l'islam de France. Ceci étant, il est plus qu'utile de rappeler, pour l'intérêt du débat citoyen, les nombreuses raisons qui tuent dans l’œuf l'éclosion de ce projet controversé. 

Une violation majeure du principe de laïcité
La raison la plus incontestable demeure la violation du principe de laïcité. La laïcité française impose à l’État et à ses représentants un strict devoir de neutralité religieuse. L’État ne reconnaît aucun culte, ne subventionne aucune religion, n'accorde aucun régime de préférence ou d’antipathie à l'encontre d'aucune croyance, profession de foi ou culte. Ces conditions sont juridiquement et politiquement obligatoires car elles seules garantissent la liberté de croyance des citoyens, elle-même gage du vivre-ensemble et de la paix civile. Tous ces éléments qui constituent la modalité d'application pratique de la laïcité volent en éclats avec l'actuel projet du gouvernement concernant la Fondation des œuvres de l'islam. Par ce projet, l’État français reconnaît le culte musulman et lui administre en même temps un traitement juridique inégalitaire en ne lui reconnaissant pas le droit à l'auto-gestion et à l'autonomie juridico-politique que lui garantissent pourtant la laïcité et l'égalité consacrées par la Constitution, à l'instar de toutes les croyances en France. 



De ce point de vue, il existe malheureusement une continuité historique de l’État français dont la doctrine à l'égard de la religion musulmane a toujours été, jusqu'à ce jour, le maintien d'une gestion coloniale, hier, néo-coloniale, aujourd'hui. Or, cette condition laïque de respect de la neutralité religieuse de l’État et de l'indépendance des cultes n'est pas négociable car elle relève d'un principe politique partagé par les citoyens de la République. Le violer ou le modifier, c'est modifier la nature politique du régime républicain. C'est tout simplement remettre en cause l'un des principes du droit public qui garantit les libertés françaises. En aucun cas, l’État ne peut remettre en cause les fondements politico-juridiques de la République sans créer des conséquences durables et profondes pour l'ensemble de la société française. Toute fuite en avant du pouvoir, en ce domaine, doit soulever les inquiétudes de l'ensemble des citoyens français.

Une nomination symboliquement humiliante
La nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête de cette Fondation, ancien ministre de l'Intérieur et des Cultes du gouvernement Jospin, celui-là même qui avait joué les bons offices de l’État au moment de la création de l'istichara qui allait donner naissance plus tard au Conseil français du culte musulman et qui avait réclamé que les leaders communautaires musulmans signent un document d'allégeance à la République, attitude qui était déjà révélatrice d'une vision politique héritée d'un autre temps, en dit long pour sa part. 



D'abord sur les intentions du gouvernement de Manuel Valls dont l'hostilité personnelle à l'encontre de la seconde religion de France est à peine dissimulée et se donne à voir et à se faire savoir à chaque nouvelle polémique sur le voile, la laïcité, le burkini, etc. Imposer un non musulman, ancien premier flic de France à une communauté musulmane française qui n'en veut pas et qui, semble-t-il, n'a pas même le droit de choisir elle-même ses représentants, est tout bonnement une pratique politique archaïque, anachronique et d'une violence symbolique peu commune en 2016. 



Qu'on le sache dès à présent, quoi que feront Chevènement et ses auxiliaires du culte, quelle que soit leur injonction à la discrétion et à l'invisibilité publique, les musulmans de France le rejetteront. Chaque projet, chaque ambition, chaque œuvre de cette Fondation est et sera donc inéluctablement frappé du sceau infamant de l'illégitimité. 

Ne pas renouveler les erreurs du CFCM
Cette illégitimité n'est pas nouvelle : elle n'est que la dernière manifestation d'un paradigme autoritaire de la gestion étatique de l'islam, paradigme d'un autre âge et voué à l'échec comme le CFCM l'a déjà démontré. Institution créée par le ministère de l'Intérieur en accord et en coordination avec un certain nombre de consulats étrangers, le CFCM a totalement échoué dans son entreprise à mettre en place un culte musulman digne et répondant aux besoins des musulmans. Il n'a jamais su gagner ou regagner la confiance des fidèles dont il n'incarnait ni l'émanation, ni la représentativité et pour lesquels il manifestait et entretenait une indifférence pour ne pas dire un mépris constant. Cette crise larvée de légitimité a plongé le CFCM dans l'impasse au point où le ministère de l'Intérieur a jugé bon de relancer en 2015 le processus institutionnel de représentativité du culte musulman en l'ouvrant partiellement à d'autres acteurs, dans un contexte post-attentats. 














                                                                       
On peut douter néanmoins de la volonté, Place Beauvau, de ne jamais tolérer l'émergence d'un organe de représentation libre, indépendant du pouvoir et auto-géré. Les enjeux politiques et sécuritaires liés à l'islam semblant en effet parasiter en permanence la problématique de son organisation structurelle et cultuelle. Mais c'est précisément là l'une des erreurs majeures d'appréciation du gouvernement : persister à penser ou croire que le phénomène du passage à l'action terroriste sous l'étiquette de Daesh serait lié d'une manière ou d'une autre à l'institution musulmane, à travers ses lieux de culte, ses mosquées ou ses imams. D'Olivier Roy à Farhad Khosrokhavar, de Raphaël Liogier à Dounia Bouzar, aucune analyse, aucune enquête de terrain, aucune expertise n'est venue corroborer cette ligne du gouvernement. La quasi totalité des individus qui ont basculé dans le terrorisme étaient des primo-délinquants qui ont sombré dans la violence terroriste après un passage en prison pour des faits de braquage, d'agressions armées ou autres délits de même facture. 













Des individus en rupture psychologique avec la société et qui ont cherché dans le passage au terrorisme de Daesh le moyen de donner une pseudo-légitimité religieuse à leur désir de violence. Deux espaces sont privilégiés dans ce processus de basculement : la prison et le web. Aucun activiste de Daesh n'a été recruté ou jamais séduit par le discours d'un quelconque imam français, ni ne s'est radicalisé dans une mosquée. Cette vérité empirique ne signifie pas seulement que la stratégie gouvernementale d'amalgamer la gestion de l'islam de France à la sécurisation du territoire français est erronée, contre-productive et inefficace, elle induit en outre une diabolisation des institutions communautaires musulmanes injustement soupçonnées d’atermoiements continuels avec de «possibles» velléités extrémistes, salafistes notamment. 

De la sous-traitance consulaire à l'autogestion laïque  
Même chose en ce qui concerne le financement étranger de l'islam de France qui concerne directement le projet de la Fondation : le rapport sénatorial de Nathalie Goulet révèle le chiffre annuel de 12 millions d'euros (6 millions du Maroc, 3,8 millions de l'Arabie saoudite et 2 millions de l'Algérie), chiffre qui ne tient pas compte du financement du salaire des imams turcs par la Diyanet qui n'a pas été rendu public. Ce chiffre de 12 millions d'euros salarie en partie 301 imams étrangers, ce qui laisse peu de fonds pour le financement des mosquées. Quand on compare ces 301 imams aux 2500 lieux de culte en France, on tombe à un pourcentage de 8,3 % des mosquées et des imams présents sur le territoire français. On l'aura compris, la question du financement du culte musulman, si elle demeure centrale pour les principaux intéressés désireux de pratiquer leur culte dans des lieux dignes, n'a pour autant aucun lien avec la problématique sécuritaire du terrorisme. 



A la lumière de ces éléments, une seule solution paraît envisageable pour l'organisation sereine et efficace du culte musulman en France : que celle-ci demeure l'affaire des intéressés eux-mêmes et plus de l'Etat. Les musulmans de France ont aujourd'hui acquis la maturité qui leur permettra de faire émerger une instance légitime, crédible, en lien avec la base et fidèle à la diversité sociale et culturelle qui constitue sa richesse. A condition qu'on leur en laisse le temps, les moyens, qu'on cesse immédiatement d'en faire un enjeu électoral rebattu par chaque nouvelle majorité gouvernementale, et d'entraver par là-même un processus naturel qui ne demande qu'à éclore.


jeudi 19 mai 2016

Parle d'un savoir certain


N'affirme rien qui ne soit fondé sur un savoir certain.
Assure toi de comprendre correctement ce savoir, établi
et reconnu comme tel, et assure toi de sa certitude pour
fonder la tienne. Sois avare en paroles et tu deviendras
riche en savoir. La voie du silence, par sa disponibilité
au savoir, à la réflexion, à l'observation, à la contemplation
et à la méditation, t'enseignera ce que tu ignores.

Le jeu morbide de la politique


La politique est un jeu, et comme tous les jeux, 
elle a ses propres règles. Ici, les règles sont qu'il 
n'y en a aucune, aucune qui ne soit véritablement 
fondée. En politique, les puissants établissent 
les règles et les joueurs jouent pour fixer les leurs. 
L'essence de la politique est la quête et l'obtention 
du pouvoir, et dans ce jeu morbide, il n'y a pas de 
vainqueurs, seulement des perdants, le plus grand 
d'entre eux étant celui qui finit par triompher de ses 
adversaires, en ayant eu recours nécessairement à 
tous les stratagèmes, en ayant exploité toutes leurs 
failles et leurs faiblesses, jusqu'à se perdre lui-même. 
Seul triomphe en politique celui qui s'en éloigne et 
qui s'abstient d'entrer dans la partie. 

mercredi 11 mai 2016

Sans volonté, l'homme n'est rien


De toutes les facultés, qualités, avantages et dispositions humaines, la volonté nous semble être la plus indispensable à l'homme. Sans volonté, l'homme n'est définitivement rien et c'est par elle qu'il peut se hisser jusqu'à la plénitude de sa destinée. D'autres qualités lui sont certainement utiles mais aucune davantage que celle-ci. La beauté est un attribut sans aucun doute très avantageux pour l'homme, le rendant, naturellement et sans effort, agréable aux autres, plaisant, aimable, charismatique. 


Mais c'est aussi pour les mêmes raisons un ferment redoutable de déséquilibre psychologique, la satisfaction rapide de leurs désirs et l'obtention fréquente de privilèges affaiblissant leur instinct naturel d'élévation, leur sens de l'exigence morale et intellective, leur vouloir et leur esprit de conquête en tant que forces de création et de mouvement pour la société ; ou tout au contraire en démultipliant, en dehors de toutes limites acceptables, leur prédation excessive et violente encouragée par le mépris que leur inspire leurs semblables si prompts à céder à leurs exigences. La richesse dans sa capacité à obtenir toutes formes d'acquisition, dans sa logique de possession indéfinie, est un remarquable outil de changement et d'action sociale, mais peu d'hommes sont à la hauteur de cette opportunité matérielle. 


La quasi totalité voient sous l'effet de la richesse, leurs instincts s'émousser, leurs qualités s'affadir et leurs vertus s'évanouir. Des croyants s'éloignent de Dieu s'en présumant affranchis, l'argent leur fournissant tout ce dont ils ont besoin, s'imaginent-ils  ; des non croyants s'érigent comme des dieux sur la Terre, convoitant tout ce sur quoi leur regard se pose et que leur porte-feuille peut leur offrir. Source de corruption, la fortune mène l'homme à sa perte en lui ôtant la valeur des choses, en le privant de leur coût. L'intelligence est assurément une qualité bien noble et, elle aussi, extrêmement utile. 



Sa faculté de discernement, sa capacité à entrevoir des relations là où d'autres ne voient que des éléments isolés ou au contraire à opérer des distinctions quand d'autres se prêtent volontiers à la confusion des genres, sont autant d'attributs salvateurs et propices à élever l'homme dans l'échelle de la considération des êtres. 


Mais l'intelligence ne rend pas un homme plus heureux, ni ne suffit à lui permettre d'atteindre les buts qu'il s'est fixé. Sa lucidité et sa capacité à saisir les êtres dans leur fondement peuvent le mener au pessimisme plus rapidement qu'une chute d'eau n'atteint le sol. Sa lenteur nécessaire, ses multiples interrogations et sa distance avec les choses font, d'ailleurs, de l'intelligence une disposition souvent impropre à l'action. Beauté, fortune, intelligence : il n'est donc pas un seul bien que ces avantages puissent fournir qui ne puisse être lui-même obtenu par de la volonté. 


Ce que ma faible intelligence ne peut obtenir, ma volonté peut l'acquérir à la sueur de son front, par l'effort, par l'étude. Mieux : ces efforts accroissent mes autres aptitudes, et par la volonté, me voilà devenu plus intelligent. La fortune me manque ? La pugnacité de ma volonté la compensera aisément par son labeur et la sagesse née de la tempérance que la modestie m'enseignera m'en délivrera assurément. La beauté ? Rien n'égale celle de l'accomplissement né d'un surpassement de l'homme dans ses actes, dans ses œuvres, dans sa vie. 


Au final, ce qui fait de la volonté la chose la plus précieuse qu'un homme puisse détenir c'est qu'elle seule peut améliorer ou compenser toutes celles qui peuvent lui manquer, lui faire défaut, et qu'elle seule, par ailleurs, peut lui permettre d'être ou de devenir réellement ce qu'il se doit d'être : lui-même.

Le secret de l'amour



Nous n'aimons qu'autant que nous avons nous-mêmes besoin d'amour. Nous sommes d'autant plus vulnérables à l'amour que notre cœur sommeille dans les profondeurs glacées de l'oubli, fondant irrésistiblement au premier rayon de soleil parvenant jusqu'à lui.

vendredi 8 avril 2016

Stance du volcan


Sois comme la fleur au pied du volcan. Belle et forte, endurante, éternelle. Indestructible. Les pieds enracinés dans la terre, les racines plongées dans le Ciel, la volonté projetée devant soi. L'esprit semé dans la lumière. Décimés par la chaleur, endurcis par la lave, embrasés par le feu liquide, nous renaîtrons. Le cœur élevé jusqu'au seuil ultime, je me prosternerai aux pieds de Dieu et je disparaîtrais dans l'Etre. Et je serais l'éternel disparu.



samedi 2 avril 2016

La réification des clercs musulmans en France


Le 21 mars dernier, le ministère de l'Intérieur a convoqué et organisé une grand messe appelée Instance de dialogue avec l'islam. 150 personnes, cadres religieux, imams, observateurs du fait musulman, policiers et hauts-fonctionnaires ont fait le déplacement Place Beauvau. 

Cette instance se réunissait pour la seconde fois. La première fois, ce fut quatre mois après les attentats du mois de janvier contre Charlie Hebdo. Des jeunes, des conférenciers, des associations ancrées et légitimes comme le CCIF, y avaient été convié au milieu des caciques de l'UOIF, du RMF et de la Mosquée de Paris. Cette fois-ci, la seconde réunion a été organisée quatre mois après les attaques du 13 novembre. 

Ce processus de renouvellement et de rafraîchissement de la dynamique représentative du culte musulman impulsé par le pouvoir poursuit un objectif : tenter de faire réémerger une instance musulmane plus légitime et plus représentative, après l'échec absolu du Conseil français du culte musulman, déchiré et atrophié par ses luttes intestines de chapelles consulaires, dévoré par son apathie congénitale.



Le CFCM avait été crée officiellement pour résoudre les problèmes de culte de la communauté musulmane en France : le manque de mosquées dignes dans certaines régions, de carrés musulmans dans les cimetières, le manque criant d'abattoirs pour permettre aux fidèles de célébrer le sacrifice de l'aïd al adha qui devient une pratique en voie de disparition réduite tout juste à un don de substitution, le déficit d'aumôniers dans les prisons, l'organisation du hajj, etc. 13 ans après la création par le ministère de l'Intérieur de cette farce institutionnelle, aucun de ces dossiers n'a été réglé. Aucun.



Contrôle, domestication et infériorisation : la doctrine de l'Etat français sur l'islam

La création du CFCM a montré par ailleurs quelle était la doctrine d'Etat française sur l'islam : un régime d'exception appliqué sur l'islam et justifié par sa dangerosité «révolutionnaire» au sens global de ce mot. Le pouvoir colonial avait, souvenons-nous en, en son époque fermé les mosquées qu'il ne contrôlait pas en Algérie, interdit l'enseignement de la langue arabe, crée ses institutions et fondé sa propre noblesse religieuse au service de l'Etat, afin de s'assurer un contrôle complet de la religion musulmane. Ce contrôle à tous les niveaux( surveillance généralisée et accentuée des mosquées, mises sur écoutes des cadres associatifs, mise en place du CFCM et domestication des fonctionnaires du culte) est le cœur de cette doctrine qui n'a pas vieilli d'un trait, ni changé d'un iota.


Cette fois-ci, le développement d'actes de guerre sur son territoire a poussé l'Etat a accéléré son travail. L'inertie spectaculaire des cadres musulmans cooptés par la République a obligé la Place Beauvau a agir. La première réunion de l'instance élargie était un signal envoyé à l'organisation terroriste surgie des abîmes de la politique étrangère franco-britanico-américaine au Moyen Orient. Le message politique était le suivant : la France et ses musulmans sont unis contre vous, nous sommes unis et vous ne pourrez pas nous divisez. Message factice d'une guerre factice.

La seconde réunion a été beaucoup plus explicite : l'ensemble du personnel religieux musulman français a vocation à servir de supplétifs dans la guerre de la France contre le terrorisme. Des auxiliaires de police affectés gratuitement au nom de l'islamité commune qu'ils partagent avec les terroristes, ces âmes perdues issues de leur propre troupeau. Imams et responsables associatifs, agents de liaison consulaires marocains, algériens ou turcs, tous semblent enthousiastes à l'idée de servir la France et s'estiment heureux de l'honneur qu'il leur est fait d'accomplir cette mission. Laquelle ? Ils ne le savent pas précisément eux-mêmes mais après tout, l'essentiel était d'accepter.

Car que seront-ils chargé de faire au juste ? S'agira-t-il de diffuser aux ouailles du vendredi un message clair et ferme de condamnation du terrorisme, cette entreprise diabolique faucheuse de vies humaines ? De surveiller leurs fidèles, de dénoncer de potentiels criminels, mais sur la base de quels critères ? On voit mal des individus impliqués dans des opérations de guerre haranguer leurs coreligionnaires pour les inviter courtoisement à les rejoindre. C'est faire injure et disgrâce aux fidèles mais encore à la raison elle-même. On feint de l'ignorer, on se refuse à y croire, mais les mosquées ne produisent pas plus qu'elles ne nourrissent la moindre arrière-pensée terroriste, ce que les agents de la DGSI pourraient très bien expliquer à leurs collègues des services de police nationaux, à défaut des imams, eux-mêmes variables d'ajustement de bureaux associatifs fragiles et rigides, et qui seraient bien en peine de le leur faire comprendre. Les mosquées en France sont un enjeu fondamental de sécurité intérieure pour l'Etat. Depuis la fin des années 1980, date des premiers attentats, la totalité des mosquées sur le territoire français sont l'objet d'une surveillance sans faille en collaboration avec les pays d'origine. Chaque association musulmane qui a pignon sur rue se voit l'objet d'une visite d'un membre des renseignements généraux. Depuis des décennies, les choses fonctionnent ainsi et un bon nombre des freins constants observables aux projets de constructions de mosquées leurs sont imputables.

Le sursaut moral indispensable de la conscience musulmane

Et pourtant nous disent des experts, mais les experts mentent ou pèchent par naïveté, pense-t-on : les actes terroristes ne sont pas le résultat d'un quelconque cheminement religieux de ses auteurs, d'une conversion ou d'une fréquentation de mosquées ou d'association musulmane. Ses auteurs sont bien plutôt le fruit d'un échec patent et total de la société française dans la mesure où tous sont quasiment issus du grand banditisme, de la délinquance armée, des milieux du braquage et de la criminalité. Leur rupture est sociale et individuelle. Rien de religieux là-dedans. On le sait, mais l'Etat au nom de sa propre doctrine, n'y croit pas.

Ainsi, les musulmans sont cooptés et utilisés comme de vulgaires outils dans la lutte menée contre le terrorisme. Ce processus de réification est l'étape logique et secondaire d'un processus de déchéance morale de l'ensemble des acteurs institutionnels de l'islam de France toutes tendances confondues qu'il n'est pas utile de rappeler, tant nous l'avons fait dans le passé.

Ainsi, outre le fait qu'aucun des besoins ni même des intérêts de la communauté musulmane ne seront satisfaits ou préservés sur le plan cultuel, ce qui était rappelons-le encore, l'objectif visé par la création du CFCM, il n'y aura aucune contrepartie à ce travail de flicage et de sous-traitance policière, faute d'acteurs crédibles, indépendants et intègres. 

Pis. L'islamophobie qui s'installe dans ce pays est majoritairement, nous disent les acteurs engagés sur le terrain, le produit des institutions de l'Etat (mairies, préfectures, commissariats, écoles, etc) et, à ce titre, est niée dans son expression par les agents de l'Etat, les hauts fonctionnaires du ministère de l'Intérieur et le Premier ministre qui est personnellement hostile à l'usage du mot «islamophobie». La dernière sortie de la ministre des Droits des femmes, dont l'intitulé même du ministère signifie la rupture de l'égalité républicaine non pas en tant que réalité illusoire mais comme horizon politique, a illustré une nouvelle fois la permanence et la continuité de cette doctrine. 


Peut-on imaginer pire situation d'abaissement, de servilité pour les musulmans en France ? Cette infériorisation consentie elle-même par le personnel politico-religieux des mosquées ou associations musulmanes est insupportable. Rien n'oblige ces agents du culte de se faire les instruments d'un emploi politique et sécuritaire pour lequel ils n'ont pas été mandatés par leurs fidèles, ni même formés, et quand bien même le seraient-ils qu'ils ne le devraient pas au nom de l'éthique et du devoir d'intégrité morale. Ils ne doivent plus se faire les idiots utiles d'une organisation politique, l'Etat, qui les utilisent au gré de ses propres intérêts et qui n'hésite pas à violer autant qu'elle le souhaite ses propres engagements en ne respectant pas les principes de laïcité qu'elle a si souvent utilisé contre ces mêmes musulmans accusés de ne pas s'y soumettre.

Contre l'islam d'Etat, un premier pas vers la liberté

Une organisation qui a procédé dernièrement à la liquidation politique, psychologique et symbolique, la purgation, de ces hommes et femmes de confession musulmane et/ou binationaux, du corps de la Nation au travers du débat sur la déchéance de nationalité, les expulsant du champs théorique de l'égalité, procédant à la rupture du contrat social et comme l'a dit un journaliste «sang-mêlé», à leur relégation aux catégories inférieures de «Français sous réserve, Français d’occasion, Français en sursis».


Une organisation, enfin, qui se dédouane de sa propre faillite à assurer la sécurité de ses ressortissants sur cette catégorie de la population toute désignée, du fait de sa misère, pour cet emploi de bouc émissaire. 

Ces cadres religieux doivent se consacrer pleinement à leurs mission qui est d'organiser le culte et d’œuvrer en faveur de l'excellence de la pratique et de l'enseignement de la religion musulmane, de l'éducation, de la formation et de la transmission de l'islam dans leur propre espace communautaire, ce qui n'est pas peu de choses, et se retirer définitivement du champ politique institutionnel. Cette époque de la soumission indigne et obséquieuse de leaders religieux à une organisation politique est révolue, elle doit l'être. 


Le jour où les musulmans de ce pays décideront souverainement de se doter d'une organisation représentative, s'ils le jugent nécessaire, et qu'ils seront suffisamment mûrs et organisés pour le faire, alors il sera temps ce jour-là de s'interroger sur le type de relation qu'ils doivent entretenir avec les agents de l'Etat français, car ce jour-là, ils seront libres de le faire.