mardi 26 septembre 2017

N'entre pas docilement dans cette douce nuit...

Le film de Christopher Nolan, "Interstellar", l'a popularisé. La Colline vous propose de lire dans son intégralité ce poème du Gallois Dylan Thomas



N’entre pas docilement dans cette douce nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.
Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas docilement dans cette douce nuit.

Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser en un verre baie
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Les hommes violents qui prient et chantèrent le soleil en plein vol,
Et apprenant, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,
N’entrent pas docilement dans cette douce nuit.

Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante
Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.          
Et toi, mon père, ici sur la triste élévation
Maudis-moi, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.
N’entre pas docilement dans cette douce nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.


Agis ou garde le silence !


Agis ou tais-toi, jusqu'à ce que l'exacerbation de ton silence finisse par agir sur toi même et te fournir, à ton tour, le courage d'agir.

Ne crains pas les reproches


Vis ta vie, ne vis pas la vie des autres. Dans la rigueur sombre de la justice, vis et déploies tes ailes. Et ne crains pas, dans la voie de Dieu, le reproche de quiconque.

La haine comme consécration posthume


La haine de nos ennemis vaut mieux que leur mépris. Elle traduit, dans sa violence même, le respect que nous leur inspirons ou que leurs inspirent nos actes et sonne, au-delà de la mort, comme une consécration posthume. 

samedi 16 septembre 2017

Quand Dieu parle...


Quand Dieu parle, des mondes surgissent, d'autres meurent, des océans se déversent, des vies s'agitent, des mains s'emparent, des âmes crépitent, des vents s'invitent. Quand Dieu parle, la vie s'épanche, s'écoule, s'étire, s'arrache, en cercle. La création danse, les corps plongent et les cœurs se prosternent. Le silence de Dieu est un écho qui résonne dans les entrailles de l'Univers, une voix éloquente qui n'en finit pas de vibrer, de pénétrer, de resurgir pour nous dévoiler dans son incessante soudaineté, l'harmonie caché, et désigner somptueusement et fatalement aux pâles légions de spectres qui nous encerclent, aux ombres cadavériques qui nous gouvernent, ce qui, toujours, a nourri leur hantise, cette perfection insaisissable qui leur fait face et leur échappe tout à la fois

Connaissance de soi et culpabilité

La connaissance de nos fautes nous délivre du poids de la culpabilité si tant est qu'on puisse avoir le courage de regarder au fond de soi et d'assumer sa part de ténèbres et de faillibilité. Le repentir authentique implique tout autant la connaissance de soi que la connaissance de Dieu. C'est à cette condition seulement qu'il peut nous purifier de nos souillures intimes, en allant les chercher là où elles se trouvent, loin, très loin à la source, là où se fabriquent nos insouciances coupables et où s'engendrent, dans la douleur, nos remords viscéraux. 

Vérité et faux-semblants


L'une des ruses sataniques les plus sournoises est celle qui consiste à employer une vérité contre une autre en mettant en scène par d'ingénieux et suggestifs artifices leur confrontation fallacieuse et construite de toutes pièces. Une vérité partielle contre une vérité principielle. Une vérité formelle contre une vérité naturelle. Observation et interprétation contre fondation. De la manipulation psychologique aux faux-semblants théoriques, nul ne ressort jamais indemne de ce type de stratagème que le temps seul dévoile. Mais il y a bien pire que cette division de la connaissance, cet émiettement du savoir caractérisé par la perte d'unité du point de vue méta, topos de la globalité : la fusion funeste du vrai et du faux, le mélange fatal du Bien et du Mal, du Beau et du Faux, séduction illusoire, dissolution attentatoire. En théorie, tirer des conséquences erronées de fondements authentiques mais mal évalués, bouge de faux-monnayeurs et foire aux paralogismes ; dans la pratique, corrompre de nobles idéaux, de salutaires convictions par de sombres procédés et d'obscurs agissements. 

dimanche 10 septembre 2017

Le critère de la vie

Pour être un accomplissement, la vie se doit d'être vécue pleinement. Le critère d'une vie vécue est le choix consenti. Ce que nous avons librement consenti, même dans la douleur, est un investissement vital qui nous sera pleinement restitué. Ceci est encore vrai dans le sacrifice, cette forme ultime de la négation de soi qui n'est autre qu'affirmation de soi dans l'autre, don unilatéral et sans contrepartie, holocauste amoureux offert sur l'autel du Vivant. En aucun cas, la vie ne peut être ce flux indistinct et anarchique de désirs incertains, de gestes superflus ou de conventions subies par nos lâches conformismes. Elle doit être voulue et acceptée pour être vécue. Vouloir ne nous rend pas libres mais nous rend vivants.

jeudi 7 septembre 2017

Fouad Bahri : "Ecrire, c'est se déposséder de soi-même"




La Colline vous présente un court entretien réalisé avec Asma Abdelouhab au Bourget (RAMF) à l'occasion de la sortie du livre "Le goût de l'inachevé", avec son auteur, Fouad Bahri.


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dimanche 3 septembre 2017

Les conditions occultées de la justice et de la vérité

Nous nous leurrons sur la nature de ce que doivent être les conditions propres à nous rendre capable d'être fidèle à la vérité, d'une part, et à la justice, d'autre part. Ces deux principes, sources de l'équilibre et de l'harmonie dans ce bas-monde comme dans toutes les sortes de mondes existant, exigent de l'homme autant qu'ils lui apportent : de la force, de la pureté, c'est à dire bien plus que de l'intransigeance, de l'implacabilité, une domination aboutie sur soi avant même qu'elle ne puisse s'accomplir sur les autres, et beaucoup de patience pour différer le temps de la cristallisation prédicative pour ce qui est du rétablissement d'une vérité. La justice est un principe de correction, l'analespie d'un ordre bafoué ou menacé par une manifestation malfaisante de perversité, de tyrannie, d'arrogance, de mépris ou de cruauté, de privilège ou d'égoïsme. Dans tous ces cas de figures, seule la force impulsive et innée de l'implacabilité peut permettre à l'homme de s'interposer et de corriger la malfaisance du pervers pour rétablir l'équilibre paisible préexistant et tous les moyens doivent être employés à cette fin. La logique de la justice est une logique éprouvante, difficile, coûteuse, bien plus encore lorsque la société a fait le choix de l'enterrer vive et de l'ensevelir pour ne plus avoir à la nourrir et l'entretenir. Elle nécessite de la rudesse, de la froideur passionnée, de l'insolence mise au service d'une cause noble, de la violence finalisée. Elle n'est pas le propre des incapables, des esprits veules, des âmes tièdes et lâches corrompues par l'hyper-individualisme dicté par l'hédonisme marchand. Elle est l'expression brutale de la Vie, le cri primaire de l'Ordre établi contre la prédation du Chaos. Toute comme la vérité, elle exige beaucoup de ses agents, un investissement complet pour faire pencher de tout son poids la balance, car c'est à ce prix qu'elle sanctifie toutes les formes de sa manifestation, toutes les voies par lesquelles elle a su se frayer un chemin et se hisser jusqu'au devant de la scène mondaine.


La solitude, la souffrance, la haine d'autrui, l'indifférence sont les jalons qui balisent la route farouche et esseulée des véridiques. Toute attache est un lien qui nous unit à la déviance et nous rend complice de ses travers. Faire l'apprentissage de l'amertume que nous dispense le commerce des hommes est une lente préparation au retour mystique et barbare de la Justice du Verbe incarné par l'homme véridique, de la Vérité du Droit au rétablissement de la Vie car nous avons dans la pratique de la Justice comme dans l'amour de la Vérité des moyens de préserver et de rétablir la Vie. « La loi du talion constitue pour vous une garantie de vie, ô gens doués d'intelligence » (Coran 2, 179). 

samedi 2 septembre 2017

L'indifférence est la pire des violences


«Le désir est la moitié de la vie. L'indifférence est la moitié de la mort.» Khalil Gibran
L'indifférence est la pire des violences. L'humiliation d'autrui, sa détestation profonde, sa haine la plus rance et sa persécution la plus tenace ne sont rien face à cette odieuse vermine éloignée dans les hauteurs insolentes de l'orgueil mondain. Dans le phénomène de la violence se joue toujours une rencontre, celle de deux destins, deux esprits qui dans l'intensité de leur confrontation prennent conscience de l'autre, le reconnaisse et le respecte ne serait-ce qu'en traitant ses attitudes, ses discours et ses agissements avec la plus grande des solennités, ceux-là mêmes qui ont justifié la confrontation. Mais l'indifférence, cette chose si peu naturelle, si répugnante de mépris, n'a pas pour elle la moindre justification. En refusant les deux options les plus évidentes (la confrontation verbale ou physique ; l'éloignement), cette reine des vanités annihile purement et simplement toute vie morale, toute dignité, toute considération du sujet. Il suffit pour s'en convaincre d'observer comment deux acteurs se mimant mutuellement le jeu social de l'indifférence dans un petit cercle finissent par attirer rapidement l'attention et l'interrogation des convives. L'exclusion d'autrui, par son ignorance radicale, est une forme de négation de la vie, de meurtre symbolique tout à fait caractéristique de notre époque malade de sa veulerie, de son mépris et de son orgueil. Toujours et sans cesse, il nous faut affronter le réel et savoir le regarder droit dans les yeux, sans même détourner le regard. C'est à cette condition qu'une liberté peut être mise à l'épreuve et par l'épreuve s'incarner dans le monde. 

L’islam contemporain face au double défi du wahhabisme et du libéral-réformisme

Entre les adeptes d’un islam rigoriste et décontextualisé et les partisans d’une dilution religieuse de l’islam dans la sécularisation, les musulmans d’Occident et plus particulièrement ceux de France se retrouvent souvent pris en tenaille et contraints à un grand écart douloureux. Ecrivain et auteur du « Goût de l’inachevé », Fouad Bahri dresse, dans un article d’analyse exclusif, les contours idéologiques parfois flous et les enjeux recouverts par ces deux formes antagonistes de l’Islam contemporain, avec un éclairage particulier accordé au libéral-réformisme, moins connu.

L’islam contemporain est aujourd’hui confronté à deux types d’extrémismes d’origine, de nature et de forme antagonistes, qui ne cessent de se nourrir en miroir, alimentant dans leurs développements néfastes toute une myriade de nouveaux conflits et de divisions au sein des communautés musulmanes occidentales. L’extrémisme puritain de type wahhabite est le plus connu de ces deux extrémismes, celui qu’on identifie le plus aisément tant sa doctrine et ses pratiques sociales s’illustrent par leur violence, leur rupture, leur hégémonisme destructeur.

Les dégâts durables de l’extrémisme wahhabite

Cette doctrine qui a essaimé dans le monde entier grâce aux mannes financières des pays du Golfe qui en ont fait leur outil de politique étrangère a créé toute sorte de conflits et généré une vague de violence dont on commence seulement à percevoir les effets. Même si la violence de sa forme et de son hétérogénéité ne lui a pas permis de trouver un terreau fécond à même de lui permettre de se développer durablement sur toutes les terres où il s’est greffé, la dialectique naturelle de sa violence ayant fini par se retourner contre ses promoteurs (« Tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée », Évangile de Matthieu), les dégâts résultant de sa doctrine et de sa praxis demeurent considérables. 

Ce type d’extrémisme, qui n’est pas nouveau dans l’histoire, s’est également illustré par son sectarisme intégral qui a excommunié ou diabolisé à peu près tous les autres courants de l’islam (soufisme, chiisme, ikhwanisme, etc) et s’est distingué formellement des autres courants de l’islam par son intensité et sa violence primaire, même s’il est important de souligner qu’il ne possède pas le monopole du sectarisme que l’on retrouve sous des formes diluées ou des degrés plus ou moins variés chez d’autres courants de l’islam contemporain. Cette forme prédominante de l’extrémisme étant clairement identifiée et déjà abondamment traitée dans de nombreux ouvrages, articles de presses, vidéos et émissions télévisuelles ou radiophoniques, il n’est donc pas utile de la développer davantage.

Convertir l’islam au dogme moderniste


La diffusion de cet extrémisme puritain a généré en retour celui d’une autre forme d’extrémisme bien différent et opposé du premier, tant dans ses formes que dans ses effets, l’extrémisme libéral qui a revêtu les vêtements du libéral-réformisme contemporain. Le libéral-réformisme musulman est un mouvement davantage qu’un courant, qui se distingue des précédents réformismes par la nature de son entreprise. Là où les primo-réformistes (Afghani, Abduh) voulaient réformer le monde musulman sous l’impulsion et l’exemple de la réussite matérielle et social d’un Occident colonial en pleine possession de ses moyens et par le biais d’une relecture actualisée de l’islam, là où leurs successeurs voulurent « islamiser » la modernité, ceux-là souhaitent aller plus loin et entendent convertir massivement l’islam au paradigme moderniste, un modernisme à l’agonie et en plein déclin. Purs produits social, intellectuel, culturel des sociétés occidentales, ses promoteurs, conquis par l’enthousiasme passé du progressisme mythifié, instauré par la modernité, entrevoient un aggiornamento complet, global et radical de l’islam. La première rupture opérée par ce courant, qui n’est rien moins qu’un nouvel avatar de la modernité en contexte idéologique islamique, est le passage d’un théocentrisme radical ou général, perspective caractéristique de l’islam, à un anthropocentrisme philosophique doublé d’un humanisme individualiste. Les tenants du libéral-réformisme n’inventent rien mais ambitionnent d’accomplir dans le contexte musulman ce que d’autres ont réussi dans le contexte chrétien, spécifiquement catholique : la sécularisation de l’islam, autrement dit le passage progressif du cultuel au culturel qui porte en germe la sortie de la religion. 
C’est ce qui distingue radicalement l’entreprise libérale-réformiste de ses devancières : sa prétention à passer l’islam sous le spectre idéologique du modernisme

La curieuse synthèse entre Abduh et Arkoun

Représentants des classes moyennes ou supérieures, celles des centres urbains, diplômés, convertis au dogme de l’individualisme, au mantra de la déconstruction, adeptes des « sciences » humaines dont ils ne soulignent pas la non-neutralité ou ne semblent pas identifier l’orientation idéologique, ces partisans du libéral-réformisme se projettent dans un humanisme abstrait où l’islam, délesté de sa morale, de sa théologie, de sa Weltanschuung religieuse, ne subsisterait plus que sous la forme minimaliste d’une spiritualité ou croyance individuelle déconnectée de toute prétention universelle ou globale, voire d’un déisme interchangeable avec d’autres formes de déismes (philosophique ou post-chrétien). Prêts à tous les accommodements possibles susceptibles de leur offrir l’espoir d’une harmonisation sociale et surtout psychologique avec leurs compatriotes non-musulmans, dans un contexte de rejet et d’hostilité de la puissance publique et étatique à l’encontre de l’islam marqué par un anticléricalisme hérité de la Révolution, doublé d’un néo-colonialisme persistant et d’une paranoïa alimentée par les attentats, les tenants de ce mouvement ont procédé à la synthèse des thèses portées par l’agnosticisme séculier des nouveaux penseurs de l’islam et autres arkouniens dont ils sont les héritiers directs, avec l’ambition qui fut celle des islahistes et réformistes, notamment autour de la figure de Mohamed Abduh, mais une ambition reformulée et quasiment détournée. C’est ce qui distingue radicalement l’entreprise libérale-réformiste de ses devancières : sa prétention à passer l’islam sous le spectre idéologique de l’historicisme radical (arkounisme), de la sociologie politique (féminisme musulman) et de l’herméneutique (néo-réformisme), à le convertir au dogme moderniste, à ses piliers et à son projet d’émancipation de l’Homme de la tutelle des dogmes, des croyances, des institutions et des figures d’autorités religieuses pour lui offrir l’illusion d’un accomplissement individuel sous le sceau de la liberté et de la célébration œcuménique d’un humanisme obtenu au prix d’une révolte métaphysique contre Dieu.
Véritable cheval de Troie de la sécularisation de l’islam pensée et voulue par les élites françaises, le libéral-réformisme porte en lui la marque de ce projet d’autant plus subversif que son discours est véhiculé par des musulmans ou identifiés comme tels

Les trois illusions du libéral-réformisme
L’individu n’existe pas : tout Homme est à sa naissance l’héritier d’une histoire, le porteur d’un legs familial, l’addition de ce qui le précède et auquel lui-même apportera sa contribution positive ou négative. La mystique de la liberté est également un leurre : seul existe le libre-arbitre (jugement) et les conditions juridiques, politiques et économiques qui les déterminent, limitent autant qu’elles les garantissent, l’usage des libertés civiles. L’humanisme et l’apologie de l’Homme sont tout aussi illusoire. Vestige du christianisme paulinien, de la divinisation du Christ et de l’amour de l’Homme divin ou fils de Dieu, allégé au terme d’une sécularisation chrétienne de sa référence religieuse, l’humanisme, expression majeure de l’homme prométhéen, traduit le désarroi métaphysique et moral de l’homme moderne qui a tourné le dos à Dieu sans savoir vers qui ou quoi se tourner. L’humanisme du libéral-réformisme, qui se distingue nettement d’un humanisme religieux, traduit très bien cette rupture entre théocentrisme islamique et anthropocentrisme moderniste, et ce transfert de sacralité de l’un vers l’autre.

Privé de principe, de fondement, l’humanisme contemporain s’est pourtant rapidement dilué dans l’indifférence d’un hyper-individualisme de marché axé autour de la consommation et du libertarisme conçu comme modalité de gestion, par l’ivresse anesthésiante qu’il génère, de ce désarroi et de cette angoisse existentielle. Véritable cheval de Troie idéologique de la sécularisation de l’islam pensée et voulue par les élites françaises (Le rapport Karoui de l’institut Montaigne en est l’une des traductions), perdu dans des contradictions inextricables, le libéral-réformisme porte en lui la marque de ce projet d’autant plus subversif que son discours est véhiculé par des musulmans ou identifiés comme tels. L’ambiguïté religieuse de leur posture et la confusion théologique entretenues par ses acteurs participent manifestement d’une stratégie de contournement de la tradition orthodoxe, une approche frontale ayant peu de chance d’aboutir. C’est à ces deux formes d’extrémismes, de nature antagoniste et non réductibles l’une à l’autre, que sont aujourd’hui confrontés les musulmans de France. Si la première forme de cet extrémisme s’est essoufflé sans toutefois disparaître, la seconde a su habilement exploiter ses dérives pour entretenir sa propre image et son ambition de porter une voie alternative à la violence extrémiste véhiculée par le wahhabisme et ses formes sectaires dérivées. Une voie néanmoins toute aussi obscure et qui semble avoir substitué à la violence que nous mentionnions, sa propre subversion, qui n’est qu’une autre violence, une violence faite au sens, à la vérité des Textes et des sources. Une violence sournoise contre la sacralité qui dérange, qui perturbe le bon déroulement du projet moderniste et de son puissant avatar, le capitalisme de marché.